Des œuvres réalisées à partir du moulage de seins d’élu(e)s, voilà une idée et une exposition peu communes pour Octobre Rose !
Liberaj Cicoj : L’objectif était de poursuivre le travail initié avec la première exposition « Sein-Poser », que les Juvignacois ont découvert l’an dernier. Pour cette nouvelle édition, je trouvais intéressant de présenter au public des moulages de seins de personnes connues. Comme l’aventure a débuté à Juvignac, impliquer les élu(e)s municipaux m’est apparue comme une évidence !
Plus largement, ce projet a été pensé pour célébrer la diversité du corps humain, mettre en lumière la beauté et la force de chaque individu, briser les tabous entourant le cancer du sein et permettre de s’impliquer dans un projet artistique et humanitaire.
Comment un tel projet a-t-il vu le jour ?
Nous avons simplement échangé avec Hélène Merlet, adjointe aux Solidarités, qui a émis un « oui » instantané ! On a rapidement constitué un groupe de huit élus volontaires et c’était parti… Je trouve génial que des élu(e)s s’impliquent ainsi car s’il est facile de soutenir une cause, agir en est une autre. En passant à l’action, on décuple le message que l’on souhaite faire passer à travers cette expo et ce projet.
Avez-vous ressenti une différence entre vos modèles anonymes habituels et les personnalités publiques que sont les élu(e)s ?
Disons qu’ici, on réhumanise justement la personnalité publique. En effet, les citoyens lambdas imaginent souvent les élu(e)s impénétrables, intouchables, alors que ce sont des êtres humains comme tout le monde, avec leur personnalité, leurs joies, leurs peines, leurs forces, leurs failles… À travers l’art, l’élu(e) est en quelque sorte « désinstitutionnalisé ».
Pour moi comme pour eux, ce fut vraiment une parenthèse, un moment d’intimité et de partage pendant lequel ils se sont livrés totalement. J’ai passé une heure avec chacune et chacun d’entre eux, une heure de lâcher-prise et de confiance mutuelle : ce n’est pas facile de s’exposer ainsi devant une personne qu’on ne connait pas, même si c’est une artiste ! Je dirais que c’est une mise à nu à la fois émotionnelle et philosophique. Ils m’ont tous avoué être ressortis très touchés de cette expérience.
J’ai proposé à chacun d’eux trois couleurs, mais c’est avant tout les échanges que j’ai eus avec eux sur leurs passions et leurs aspirations dans la vie qui ont conduit au résultat final. J’ai essayé de retranscrire ce que j’ai ressenti lors de notre tête-à-tête et au final, ce sont des palettes très multicolores qui se sont révélées. J’aime beaucoup !
Pour réaliser les empreintes, j’ai dû demander aux hommes de s’épiler. C’était rigolo car certains ne l’avaient jamais fait et n’étaient pas très emballés ! Mais ils ont joué le jeu et je les en remercie car – et c’est assez exceptionnel tant le moulage et le démoulage sont délicats et périlleux – il n’y a eu aucun raté ! Les élu(e)s ont été des modèles exemplaires.
Ces œuvres sont-elles vouées à être vues ailleurs qu’à Juvignac ?
Je souhaite en effet que ce projet devienne un symbole fort de la lutte contre le cancer du sein. Le but est de parcourir le territoire et, à l’image de Juvignac, proposer l’exposition dans d’autres communes, sans pour autant se limiter à la temporalité d’Octobre Rose. J’imagine, pourquoi pas, m’associer avec d’autres artistes.
Le message que je souhaite surtout faire passer est que le cancer du sein ne s’arrête pas au mois d’octobre et ne concerne pas que les femmes... À travers cette expo, mon intention est aussi de désexualiser le sein afin qu’il soit vu pour ce qu’il est : un attribut humain !
À l'occasion de son exposition, l'artiste propose une tombola : participez et repartez peut-être avec l'une de ses toiles intitulée "Champagne". Chaque billet est vendu au prix de 2€ et le tirage au sort se déroulera lors du vernissage du 2 octobre. L'intégralité des fonds récoltés sera reversée à l'Institut du sein de Montpellier (MIS) pour soutenir la recherche et les soins contre le cancer du sein.
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